Un express avec... Dounia Issa
Victime d’une rupture du tendon d’Achille gauche le 2 décembre à Berlin, un
an après celle survenue au droit, notre ancien capitaine et vrai leader fait un
point lucide sur sa situation, entre questionnement et espoir.
Trois semaines après ta blessure, quel est ton bulletin de santé ?
« Opéré le 5 décembre, je suis sorti du Pôle Santé Sud le lendemain. Au début, je dois miser sur trois
semaines d’immobilisation avec un plâtre puis autant avec une botte, histoire de récupérer de la souplesse.
Je débute ma rééducation à Cap-Breton le 18 janvier, et ce jusqu’au 13 février. Cela répond à
une envie de voir autre chose, histoire de ne pas exploser mentalement à l’idée de ce qui m’attend.
Après ces quatre semaines, retour au club pour bosser avec le staff et, fin mars, nouveau cycle de
quatre semaines à Cap-Breton, cette fois basé sur la ré-athlétisation. Si tout se passe bien, dans un
scénario parfait, j’espère revenir vers la fin avril, juste à temps pour aider les gars en playoffs. »
Quelles réflexions t’inspirent ces deux blessures et quel recul prends-tu face à ces coups du
sort successifs ?
« Comme m’a dit un ami, c’était prévisible. Toute la gomme mise depuis que j’ai commencé le basket,
sans jamais m’être vraiment économisé, je le paye. D’un côté, ces efforts m’ont permis de réussir à
atteindre ce niveau et d’y créer mon identité. De l’autre, cela me coûte aujourd’hui. Tout est évitable
ou aurait pu arriver un peu plus tard mais c’est ainsi. Les deux fois, j’ai senti que la douleur venait.
Avant la première rupture, pendant trois mois, je n’étais pas à l’aise dans mon corps. Et pour la seconde,
j’ai senti très vite, en dépit des échographies qui renvoyaient un signal positif, que ce n’était
pas clair. Cela n’a été qu’une demi-surprise, donc ça ne m’a pas détruit mentalement. »
En évoquant une reprise rêvée fin avril, est-ce à dire que tu as la capacité à toujours te projeter
comme un joueur à part entière ?
« C’est un sentiment complexe. Le compétiteur que je suis ne veut pas partir sur une blessure mais
décider de son départ. Le coeur parle. Mon cerveau lui répond que mon corps m’a beaucoup porté,
avec un gabarit modeste pour mon poste, qu’il n’a peut-être plus rien à m’offrir. Dans quelques semaines,
deux ou trois mois, j’espère sentir dans mes tripes, sans me mentir, que je me sens capable
d’une dernière danse. Et pas pour de la figuration ou un jubilé, mais bien en faisant du Dounia. Je me
dis que lorsqu’il me faudra donner le maximum d’efforts pour revenir au top, je saurai. »
Quand te reverra-t-on à Antarès auprès de nous tous ?
« Je ne me sens pas de venir en béquilles sur le banc. Ce n’est pas l’envie qui manque mais je dois
avoir fait le plein d’énergie positive pour encourager les gars, donner des conseils, les pousser. Je les
supporte de tout mon coeur. Quand je gambaderai, on verra. Je ne veux pas qu’ils me voient comme
un spectateur, pire comme un patient, mais au contraire dans une peau de joueur, d’acteur… »
Un dernier mot sur l’équipe, et sur le départ de Robert ?
« Avec ou sans lui, l’équipe a du caractère, des mecs fiers et orgueilleux, capables de réagir après des
mauvais coups. A elle de ne pas s’exprimer que dans la réaction mais de rechercher la régularité. On
a les capacités humaines pour y arriver. Robert est un joueur important mais, même avec Damion, on
arrivait à bricoler, comme quoi il y a de la place pour être performant. Si on recrute un poste 4 capable
de bagarrer, un gars qui charogne et va au rebond, ce sera suffisant. »
Que peut-on te souhaiter pour les voeux de 2016 ?
« Forcément la santé. Le reste est bien moins important. Et puis essayer d’aider l’équipe. Sur les deux
dernières années de contrat, je ressens un petit sentiment de culpabilité. J’aurais voulu donner tellement
plus au club. Mais bon, on verra la suite, chaque chose en son temps… »